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Nom du blog :
bardeominik
Description du blog :
Evolution incisive de l`ecriture au fil du temps...
Catégorie :
Blog Art
Date de création :
01.05.2007
Dernière mise à jour :
06.12.2009

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Betty Ryan

Betty Ryan

Publié le 04/09/2009 à 15:10 par bardeominik
Betty Ryan
Déjà Rochefort et ses délices de Charente m'avaient investi par l'esprit des lieux, nourris d'embarcadère mystique. Dans ces zones sans frontières imprégnées des essences voyageuses de Pierre Loti. Après six mois de préséance, une irrépressible envie de partir s'installa dans mes visions intérieures. Étendues de landes. De marécages et des proximités océanes. En l'absence de leurs visions directes et régulières, je m'influençais d'imaginations concrètes.
Avant ce second départ, je m'étais installé dans mon île de Ré et ses paliers supérieurs. Betty Ryan de son île d'Andros, ( deux insulaires en correspondance), m'envoyait une aquarelle intitulée : "AU PAYS I NELUCTABLE… « 
Je lui avais fait part de toutes ses influences qui me pressaient vers le départ et cette femme admirable à l'esprit et à l'âme si aériens avait pressenti ces filières indispensables. Ses écritures m'accompagnèrent...
J'ai entrepris de retravailler ce journal au style parfois télégraphique. Je squatte chez ma frangine (pour combien de temps ?...) dans un village de Dordogne : " Le change" sur une petite place entourée de maisons en pierre et de cheminée qui fleurent bon le bois brûlé... Maintenant ma vision est modifiée, le recul et le temps ont opéré leur alchimie et j'ai suivi la voie d'un destin qui m'a ramené en France. Il n'y a pas de fiction, toute cette narration est la stricte réalité, "un voyage onirique au pays du rêve éveillé..."
Je passe sous silence le préambule d'attente, les impatiences, les angoisses qui m'assaillirent deux mois avant le départ. Il me fallait continuer à travailler pour gagner l'argent du voyage et attendre les beaux jours qui, en Inde, arrivent en octobre.

16 octobre 1998

Départ 16h de Périgueux direction Alençon chez Fabrice. Mon petit frère de l’être.

Samedi 17 dimanche 18 octobre

Deux jours avec Fabrice et sa femme Oana, roumaine, devenue française depuis peu. Alexandre leur fils : « Un ange mélancolique qui a l’air de s’en foutre… » Deux jours à bâtons rompus. Complémentaire de notre correspondance qui ne s’est pas relâchée depuis 4 ans. J’avais un peu d’appréhension à l’approche de cette rencontre. Nous avions mis tant de vertige dans nos échanges littéraires. La profondeur de certaines lettres nous éloignait du verbiage classique habituel. Nous nous retrouvâmes face à face, à vouloir capter chez l’autre, des écrits retransmis oralement. Les moindres affaires courantes nous semblaient odieuses…Nous nous sommes enfoncés à la recherche de cette profondeur pour nous enfouir séparément dans nos propres abysses.
Nous essayâmes de rattraper un peu la chose sans grand succès. Lors d’une ultime joute verbale il me lança dans un accès de colère : « Qui sont tes maîtres ! !… » J’eus envie de lui répondre la phrase classique « Ni Dieu ni maître » mais cela n’aurait fait qu’aggraver la situation. (Il se considère royaliste et Reims est sa patrie divine.)
Plus tard il m’envoyait une lettre sur l’éventuelle création d’un nouvel ordre dans la lignée franciscaine. Il y parlait de nous et de Guillaume. J’ai réfuté ces écrits, je me sentais étranger à tout cela.

Lundi 19
Avant de partir en Inde, pour la seconde fois, j’avais rameuté tous les magazines littéraires pour avoir connaissance d’éventuels écrivains indiens. Il n’y avait que Pradip Choudhuri dans les retours d’information. Après un courrier, je reçus une réponse de sa famille m’informant qu’il était en France ! A Guyancourt/Oise invité par Roland NADAUS aux journées de sa poésie. Je lui avais téléphoné pour fixer notre rendez-vous et dés les premiers instants, un fou rire extravagant nous prit l’un l’autre pour n’en plus finir… Je n’ai plus la teneur de ces propos mais il me gratifia, dans un français tronqué de tirades surréalistes sur la grandeur artistique de la France, la poésie, Paris…etc.…Dans le flot de ses paroles je captais déjà la future amitié qui allait nous lier.
Pour le définir physiquement et psychologiquement, il faut penser à Peter SELLERS dans «The Party » de Blake Edwards. Comme Pradip, un morceau choisi et incontournable du comique de situation. Jacques TATI aurait pu créer son personnage aussi. Lors de son passage en transit à Amsterdam, il s’était trompé de tapis roulant et l’aéroport entier pouvait voir un type qui, dans le tunnel transparent qui allait au terminal de Munich et non de Paris, remonter le flot des voyageurs qui lâchaient leurs bagages, tombaient…Des gens au sol filmaient la scène. Un scénario naturel écrit par le poète Choux du riz…

Quand j’arrivais à Guyancourt, je m’adressais au secrétariat pour savoir où se trouvait le fameux trublion. Rien qu’à son évocation, des secrétaires surmenées s’envolèrent en piaillant. D’autres me regardèrent d’un air mystérieux avant de tourner les talons vers d’improbables destinations… Il les avait rendues folles en exigeant des extravagances soi-disant dues aux prestigieux invités… Le maire, lui avait promis sa voiture et son chauffeur pendant une journée. Pour visiter Paris. Il faudrait retrouver le chauffeur pour recueillir son témoignage. Il s’est peut-être suicidé ou il a été interné. Ca a du être terrible !.
Après nos trouvailles, je les emmenais à la Shakespeare, lui et son ami, un poète bordelais : « Patrice MAIRE ». Le vieux Whitman nous gratifia de ses habituels propos sibyllins mais jamais anodins... Pradip serrait des mains à ceux qui étaient là et qui avaient l’air de s’en foutre complètement. Je m’attendais à une rencontre exceptionnelle mais brusquement Pradip prit la décision de quitter la place. Dommage, en ces lieux, il avait quelque chose d'essentiel. Il était un des principaux instigateurs de la "« HUNGRY GENERATION » qui dans les années 60-70, avait bouleversé l’establishment de la littérature bengalie dévolue essentiellement à TAGORE. (J’aurais l’occasion d’y revenir). La Shakespeare and Cie avait vu passer beaucoup d’écrivains de la Beat et autres libertaires avec lesquels Pradip eut des correspondances. Ginsberg, Ferlinghetti …J’en masse et des payeurs…Sans compter la librairie de l’odéon de Sylvia Beach qui reçut les plus illustres. Hemingway qui lui rendait souvent visite. Joyce interdit de publication par les Allemands. Gertrude Stein. Bukowski ? Je ne sais pas. Pradip possède des lettres de lui.